Cambriolage au domaine Deroc [libre]

J'avais quitté la tour de l'horloge et traversé les quartiers de Londres pour arriver devant la riche demeure des Deroc. Durant toute la semaine, les journaux n'avaient pas arrêté de ressasser la récente acquisition du lord. Un joyeux ramené des Indes. Voilà qui avait piqué ma curiosité. J'avais mené ma petite enquête le reste de la semaine quand j'avais appris qu'ils donneraient une réception en l'honneur de ce bijoux le samedi soir. J'ai tendu une oreille attentive au discutions à "l'Huile de Coude" le pub dans lequel je travaillais en tant que barman. Mais personne ne sablait connaitre la nature de ce joyaux. Etait-ce un Diamant, un rubis, une topaze. Nul ne savait. Lord Deroc avait gardé le secret absolue sur son bien voulant faire la surprise à ses invité le soir de la fête.
N’ayant obtenue aucun information vraiment concluante, j’avais dû me rabattre sur une solution de secours. J’avais emprunté un costume à Diuk, mon patron, pour m’infiltré incognito à la réception. J’observais le ballet des invités descendant de leurs voitures, et montrant un carton d’invitation au portier. Ce dernier chiffonnait sur son pupitre et les invitait se glissait entre les grandes porte d’entrée de la demeure. C’était donc sur invitation. Evidemment, il se méfiait des voleurs. Ah si il savait…

Je souriais déjà et m’avançait avec cet air emprunté que les nobles adoptaient. J’avais caché ma queue en l’attachant le long de ma jambe et mes oreilles étaient masquées par un chapeau haut de forme. Les êtres surnaturels, comme les simples humains aimaient nous définir, ne pouvaient pas obtenir le même rang de noblesse qu’eux. Il était donc impossible qu’un Neko soit invité à cette fête. J’aurai pu me faire passer pour un valet, mais… J’en avais assez de servir des boissons.
Arrivant à la hauteur du pupitre, je fis semblant de me prendre les pieds dans les marches et bousculait le lord devant moi.

- Veuillez excuser ma maladresse, monsieur.

Je lui adressais un sourire empreint de gêne et tendait mon invitation au portier. Il raya mon nom de la liste et j’entrais dans la demeure. L’infortuné que j’avais bousculé vociférait à l’entré alors qu’on refusait de le laisser entrer. Il prétendait avoir son invitation en descendant de la voiture et l’avoir égaré depuis. Mon sourire s’étendit. En le poussant, mes mains habiles lui avait fait les poches et je lui avais subtilisé son invitation. Le pauvre bougre serait privé de buffet ce soir… Ca ne lui ferait pas de mal.

J’entrais dans le hall et me dirigeais dans la pièce principale. Les dames et demoiselles murmuraient sur mon passage. Bien qu’elles soient camouflées, mes oreilles saisissaient parfaitement leur conversation.

- Un lord aussi séduisant… Sans cavalière a son bras…
- Je veux bien être sa cavalière pour toute la soirée, toute la vie même…

Elles se mirent à glousser et je leur adressais un sourire et un clin-d’œil hypocrite. Si je devais danser ce soir, ce ne serait que dans l’unique but de me rapprocher de ma cible.
Je me saisis d’un coupe de champagne qui passait à portée de main et la portait à mes lèvres tout en examinant la salle. Je repérais déjà les sorties, on ne savait jamais comment la situation pouvait tourner. Par la fenêtre je vis Vergil, lui aussi cherchait notre butin, mais pour l’instant notre hôte ne l’avait pas encore sortit. Il faudrait être patient et attendre le clou de la soirée…

Je déambulais parmi les invités depuis presque deux heures, et Deroc n’avait toujours rien dévoilé. Je commençais pas me demander si tout ceci n’avait pas été qu’une mascarade. J’affichais un air légèrement renfrogné. Je me faisais chier comme un rat mort. Il me semble que j’avais du éconduire toutes les femmes de la salle. Non je n’avais pas envie de danser, bordel.
Un nouveau plateau passa près de moi et je pris une nouvelle flute de champagne, échangeant avec celle qui était vide. J’allais de nouveau boire le contenu de celle-ci quand un son me fit tourner la tête.

Vergil avait atterrit au bord de la fenêtre et fixait quelque chose. Je plissais les yeux et suivit son regard, avant d’être décontenancé. Mais enfin qu’est-ce qu’il me faisait celui-là. Il avait faim ? Il fixait une petite serveuse et son plateau de petits fours. Voyant que je ne réagissais pas, le faucon s’énerva quelque peu et je détaillais un peu plus la jeune femme.

Tient, tient, tient… En voilà une petite cachotière. Parfois je me demandais vraiment ce que je ferais sans Vergil. La demoiselle portait un bijoux, et pas des moindres, puisque malgré qu’il soit sous ses vêtements, j’arrivais à en distinguer le scintillement. Je souris et m’apprêtait à passer à l’action quand j’entendis de l’agitation.

Ah bah justement, notre hôte semblait enfin décidé à nous montrer son précieux trésor. On fit avancer une table sur roulettes, sur laquelle devait figurer une boite de verre d’environ 40cm sur 50cm et je dirais 60cm de hauteur, recouverte d’un tissu de velours rouge. Décidément, il ne négligeait pas son petit effet le Deroc. Je me glissais entre les convives et m’approchais discrètement pour pouvoir voir ça de plus près. Je sentais déjà l’adrénaline monter en moi. Il commença un discourt racontant ses voyages en Inde, tout ça, tout ça. Je n’écoutais absolument pas. J’avais un œil sur le tissu bordeaux, et l’autre sur la petite serveuse. Aucun des deux ne m’échapperait ce soir.

Je continuais d’avancer très tranquillement parmi la foule et plus j’approchais, plus je m’alourdissais. J’avais glissé dans ma manche un sac de ma confection. Tout en longueur, il tenait parfaitement le long de mon bras et restait parfaitement invisible sous ma veste. Les boucles d’oreilles, colliers et autre broches et bracelets disparaissaient des dames et finissaient irrémédiablement dans mon sac.
Deroc souleva enfin le voile sur sa découverte et la stupeur fut générale. Quant à la mienne, j’en étais figé sur place. Vergil lâcha un cri également. Ah oui, c’était un caillou, et un gros… Mais au sens propre du terme. C’était qu’un horrible fossile poussiéreux. Beaucoup ne masquaient pas leur déception.
Je m’étais prodigieusement fait rouler. Je n’avais plus rien à faire ici. De plus, certains invités commençaient à remarquer l’absence de leur bien. Je me dirigeais calmement vers la sortie. Je passais près de la jolie petite serveuse. Non, je ne l’avais pas oubliée, comment le pourrais-je ? Elle était à présent le clou de cette journée. Je glissais mes doigts sur son épaule comme pour qu’elle se retourne, afin qu’elle me serve le contenu de son plateau. Quand elle me fit face, mes doigts ripèrent sur sa nuque, détachant la chaine. Je buttais dans le plateau qui se fracassa au sol. Et finalement, je me baissais afin de l’aider à ramasser tout en me répandant en excuses. Son médaillon était déjà dans ma manchette quand je lui remis le plateau dans les mains.

- Encore milles excuses milady.

Je lui servais un sourire charmeur avant de reprendre tranquillement le chemin de la sortie d’un pas calme et assuré.